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Uber Files: indignation à gauche après les révélations sur les liens entre Macron et le géant du VTC
Ariel Guez – Il y a 1 h
Pacte « secret » contre « toutes nos règles », « pillage du pays »: des élus de gauche ont vivement dénoncé ce dimanche les liens qui ont uni Emmanuel Macron et la société Uber, après des révélations de presse.
© STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFPMathilde Panot lors d’une session de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale le 28 juillet 2020
Une enquête reposant sur des milliers de documents internes à Uber, dévoilés par de nombreux médias, dont Franceinfo et Le Monde, révèle l’implication du président de la République, alors ministre de l’Économie, dans l’implantation et la consolidation du géant du VTC en France.
Publiée ce dimanche soir, les nombreux articles de cette investigation internationale a fait réagir la classe politique française, qui dénonce le comportement d’Emmanuel Macron lorsqu’il était à Bercy.
Un « pillage du pays »
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, critique ainsi un « pillage du pays », Emmanuel Macron ayant été selon elle à la fois « conseiller et ministre de François Hollande et lobbyiste pour multinationale états-unienne visant à déréguler durablement le droit du travail ».
Le numéro un du PCF Fabien Roussel a relayé des « révélations accablantes sur le rôle actif joué par Emmanuel Macron, alors ministre, pour faciliter le développement d’Uber en France », « contre toutes nos règles, tous nos acquis sociaux et contre les droits des travailleurs ».
A l’autre bord, Jordan Bardella, président du RN, a aussi jugé que « le parcours d’Emmanuel Macron a une cohérence, un fil rouge: servir des intérêts privés, souvent étrangers, avant les intérêts nationaux ».
Une commission d’enquête?
Dans la soirée, plusieurs députés ont appelé de leurs voeux la consitution d’une commission d’enquête à l’Assemblée nationale pour faire la lumière sur les liens entre le président de la République et le géant du VTC.
Le premier à lancer cette proposition a été Pierre Dharréville, député communiste des Bouches-du-Rhône. Il a été rapidement suivi par l’insoumis Louis Boyard, du Val-de-Marne.
Sans parler de commission d’enquête, l’ancien ministre socialiste Alain Vidalies , en poste lorsque Emmanuel Macron aurait facilité la venue d’Uber, réclame une « réponse d’État. » « Il faudra apporter des réponses et des éclaircissements auxquels les Français ont le droit », explique l’ancien responsable politique à nos confrères de France info.
« Uber Files » : Emmanuel Macron accusé d’avoir œuvré en coulisses pour le géant du VTC
Des documents internes à Uber dévoilés par Le Monde et France Info montrent l’implication du chef de l’État, alors ministre de l’Économie, dans l’implantation du géant du VTC, trois ans seulement après son arrivée en France.
Des révélations qui pourraient être gênantes pour Emmanuel Macron. Du moins en ce qui concerne son rôle bienveillant envers Uber pendant deux ans entre 2014 et 2016. Le Monde et France Info dévoilent ce dimanche 10 juillet de nombreux documents internes à l’entreprise américaine qui montrent comment le ministre de l’Économie a agi en faveur du géant de la Silicon Valley. Alors qu’Uber fait l’objet d’enquêtes sur le plan pénal ou fiscal et que les taxis sont en colère, l’entreprise peut compter sur un soutien de poids, la figure montante du gouvernement, et ce contre l’avis de François Hollande ou de Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur. Nommé ministre de l’Économie fin août 2014, l’actuel chef de l’État reçoit au ministère quatre figures d’Uber : Pierre-Dimitri Gore-Coty (alors directeur Europe de l’Ouest), Mark MacGann (lobbyiste en chef pour la zone Europe, Afrique, Moyen-Orient), David Plouffe (ancien conseiller de Barack Obama et vice-président d’Uber), et le PDG de l’entreprise, Travis Kalanick. Quelques jours avant, la nouvelle loi Thévenoud encadrait encore un peu plus la possibilité de devenir chauffeur Uber. Les quatre hommes ressortent ravis malgré le contexte. « Spectaculaire, du jamais-vu », s’extasient-ils, selon les documents.
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Presque un échange tous les mois avec Uber
Presque un échange tous les mois avec Uber
Aujourd’hui, nos confrères, qui ont travaillé avec le Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ), sortent ces documents qui ont été récupérés par le Guardian et qui devaient rester confidentiels, appelés donc « Uber Files ». Ce sont des dizaines de milliers de mails, fichiers PDF, présentations, tableurs, etc., écrits entre 2013 et 2017 (124.000 documents). Pour nos confrères, Uber a utilisé tout le lobbying possible pour « obtenir une dérégulation du marché ». Car au sein du gouvernement, Bernard Cazeneuve, qui possède la tutelle des taxis au ministère de l’Intérieur, ne voit pas son arrivée d’un très bon œil. Encore moins Manuel Valls, le Premier ministre, ou le ministre des Transports, qui se méfie du service. Ces documents tendent à prouver que l’actuel président de la République a opéré en tant que « partenaire », plus qu’un soutien envers l’entreprise. En dix-huit mois, Emmanuel Macron aurait eu pas moins de dix-sept échanges avec le PDG de l’époque, Travis Kalanick.
La répression des fraudes nie toute pression
Toutes les occasions sont bonnes pour Uber France afin de tirer parti de la situation et de permettre à Emmanuel Macron d’être un peu plus dans la lumière, à l’image du dépôt de bilan de l’entreprise Mory Ducros, où les chauffeurs auraient pu rejoindre les rangs du géant américain. Mais le projet n’aboutira finalement pas. Cependant, en coulisses, Emmanuel Macron fait tout pour aider Uber et promet dès la première
rencontre avec le PDG du groupe de l’aider dans le dossier de la répression des fraudes, qui reproche à UberPop de présenter un service s’apparentant à celui d’un covoiturage. Finalement, les bureaux français du groupe seront perquisitionnés, ce qui agacera au plus haut point aux États-Unis. Aujourd’hui, la DGCCRF nie avoir subi de pressions du cabinet du ministre de l’Économie. Autre épisode en octobre 2015 : le préfet des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez, prend un arrêté pour interdire Uber dans le département. Uber s’inquiète et demande à Emmanuel Macron de « comprendre ce qu’il se passe ». L’actuel chef de l’État répond qu’il regardera cela « personnellement », détaille Le Monde. L’interdiction disparaîtra, mais Laurent Nuñez nie avoir subi des pressions à l’époque auprès de nos confrères.
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« Cazeneuve s’assurera que les taxis restent calmes »
À l’époque se joue aussi un accord entre Uber et le ministre de l’Économie pour valider l’arrêt d’UberPop avec, en contrepartie, une simplification afin d’obtenir une licence VTC. Un « deal » qui avait, semble-t-il, été validé quelques mois plus tôt, en juillet 2015, après une réunion entre Emmanuel Macron, Bernard Cazeneuve et Manuel Valls. Travis Kalanick, méfiant, avait alors demandé à Emmanuel Macron : « Pouvons-nous faire confiance à Caz ? » Ce à quoi lui aurait répondu le président actuel, selon les documents dévoilés : « Cazeneuve s’assurera que les taxis restent calmes et je réunirai tout le monde la semaine prochaine pour préparer la réforme et corriger la loi. Caz a accepté le deal », peut-on lire. Auprès du Monde, Bernard Cazeneuve nie tout accord.
Nos confrères posent la question des motivations du ministre de l’Économie de l’époque, qui aurait pu y voir une convergence politique, mais aussi être fasciné par l’histoire de Travis Kalanick. Selon la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), des dirigeants ou représentants d’Uber auraient rencontré ceux du président huit fois entre 2017 et 2022. Interrogé sur cette affaire, Emmanuel Macron n’a pas répondu précisément aux questions de l’ICIJ et l’Élysée a simplement détaillé que le président avait, par ses fonctions passées, « échangé avec de nombreuses entreprises engagées dans la mutation profonde des services advenue au cours des années évoquées, qu’il convenait de faciliter en dénouant certains verrous administratifs ou réglementaires »
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Uber Files : « Nous sommes devant un scandale d’État », réagit le député Aurélien Taché
Franceinfo – Hier à 22:09
Des milliers de documents internes à Uber révèlent notamment que l’entreprise a pu bénéficier de la bienveillance et de l’appui d’Emmanuel Macron lorsqu’il était au ministère de l’Économie.
© Fournis par franceinfoUber Files : « Nous sommes devant un scandale d’État », réagit le député Aurélien Taché
« Nous sommes devant un scandale d’État », réagit dimanche 10 juillet sur franceinfo Aurélien Taché, député élu sous l’étiquette Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Le député du Val-d’Oise réagit aux révélations sur les liens entre Emmanuel Macron et Uber en 2014, mis en lumière par l’enquête des Uber Files, menée par la cellule investigation de Radio France et ses partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Des milliers de documents internes à Uber révèlent notamment que l’entreprise, confrontée à l’hostilité des pouvoirs publics et à de vastes ennuis judiciaires, a pu bénéficier de la bienveillance et de l’appui d’Emmanuel Macron lorsqu’il était au ministère de l’Économie.
franceinfo : Vous êtes aujourd’hui député de la Nupes mais vous avez été élu en 2017 sous la bannière LREM, comment réagissez-vous à cette enquête et à l’implication d’Emmanuel Macron ?
Aurélien Taché : Je doit avouer que je suis ce soir complètement abasourdi par ces révélations. On ne mesure pas encore l’ampleur que peut prendre cette affaire, des dizaines de milliers de documents ont été révélés et elle a des implications très concrètes dans un certain nombre de domaines.
D’abord, elle en dit long sur la conception qu’a Emmanuel Macron de la loyauté en politique, envers le gouvernement auquel il appartenait à l’époque et envers son État, sa nation même. Alors que le gouvernement français voyait d’un mauvais oeil qu’une entreprise comme Uber puisse s’implanter en France, il a oeuvré dans le dos du Premier ministre de l’époque et de la majorité de députés socialistes d’alors pour faciliter cette installation.
Comment cela a été possible selon vous ?
On peut se le demander. On est quasiment dans un mauvais polar : il y a des réunions et des rendez-vous qui ont été visiblement cachés alors que les ministres de coutume mettent à leur agenda quand ils reçoivent une entreprise, parce que c’est quand même la base de la transparence pour éviter justement un lobbying ou une une collusion d’intérêts trop forts. On voit bien qu’il y a dû y avoir des dissimulations et qu’il y a des implications visiblement encore beaucoup plus fortes que cela.
On va jusqu’à dire que cette entreprise a mis en place un système pour empêcher les perquisitions, pour supprimer les documents compromettants qu’elle pouvait avoir dans les ordinateurs de ses employés et qu’elle a prévenu Emmanuel Macron en personne d’une perquisition qui se tenait dans ses locaux, pour lui demander conseil. On est sur un cas où la responsabilité pénale d’Emmanuel Macron pourrait être engagée. Elle ne le sera pas immédiatement, parce qu’il est président et qu’il a une immunité due à sa fonction mais des questions très lourdes vont se poser très rapidement.
Quelles conséquences politiques voyez-vous ?
C’est d’abord à Emmanuel Macron lui-même de réagir, il ne peut pas rester silencieux. Il doit d’une manière ou d’une autre s’exprimer sur ce sujet. Le parlement ne peut malheureusement pas demander à Emmanuel Macron d’être entendu devant une commission d’enquête ou autre, alors que pourtant ça pourrait se justifier. C’est quelque chose qui à mon avis doit être re-débattu : comment faire quand on a des révélations comme cela sur un homme politique devenu président de la République et qu’il n’y a pas de moyens pour la démocratie d’agir ?
Quel a pu être l’intérêt pour Emmanuel Macron d’avoir facilité cette implantation d’Uber en France ?
Je pense qu’il y a d’abord une conviction idéologique très forte. Je pense qu’Emmanuel Macron considère que l’État, les pouvoir publics sont des freins à l’économie, qu’il doivent être les plus faibles possible, les plus réduits possible. Il est dans une conception néo-libérale extrêmement forte. Et puis il y avait sans doute un retour d’ascenseur attendu aussi.
On lit que l’entreprise n’a pas raté une occasion d’essayer de permettre à Emmanuel Macron de se valoriser, de paraitre comme un ministre moderne, champion de l’innovation. Il avait donc aussi un calcul et une visée politique en tête. Nous sommes ce soir devant un scandale d’État. La question de la loyauté même du président de la République envers la nation fançaise est posée. Il doit réagir à la hauteur des questionnements qui ont été révélés ce soir.
Le « deal » d’Emmanuel Macron avec la société Uber
Des documents révélés par « Le Monde » mettent en lumière le pacte secret entre Uber et Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie.
LePoint.fr (avec AFP)
Des milliers de documents internes à Uber ont été adressés par une source anonyme au quotidien britannique The Guardian et transmis au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et à 42 médias partenaires, menant à l’ouverture d’une enquête d’envergure baptisée les « Uber Files ». Le Monde s’est intéressé aux liens entre la société américaine et Emmanuel Macron à l’époque où il était ministre de l’Économie, entre 2014 et 2016.
S’appuyant sur différents témoignages et documents, dont de nombreux échanges de SMS, Le Monde conclut à l’existence d’un « deal » secret entre Uber et Emmanuel Macron à Bercy. Le quotidien fait état de réunions dans le bureau du ministre, de nombreux échanges (rendez-vous, appels ou SMS) entre les équipes d’Uber France et Emmanuel Macron ou ses conseillers. Sont pointées du doigt certaines pratiques destinées à aider Uber à consolider ses positions en France, comme le fait de suggérer à l’entreprise de présenter des amendements « clés en main » à des députés.
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Sollicitée par l’Agence France-Presse, la société Uber France a confirmé la tenue de réunions avec Emmanuel Macron : des rencontres qui « relevaient de ses responsabilités en tant que ministre de l’Économie et du Numérique supervisant le secteur des VTC ». L’Élysée a indiqué à l’Agence France-Presse qu’Emmanuel Macron, comme ministre de l’Économie, était « naturellement amené à échanger avec de nombreuses entreprises engagées dans la mutation profonde des services advenue au cours des années évoquées, qu’il convenait de faciliter en dénouant certains verrous administratifs ou réglementaires ».
La classe politique unanime
La patronne des députés LFI, Mathilde Panot, a dénoncé sur Twitter un « pillage du pays », Emmanuel Macron ayant été à la fois « conseiller et ministre de François Hollande et lobbyiste pour multinationale états-unienne visant à déréguler durablement le droit du travail ». « Pour ceux qui avaient un doute… Macron en allié inconditionnel de l’ubérisation. Ministre de l’Économie, il travaillait main dans la main avec la société privée Uber. Enquête éclairante, pour ne pas dire accablante », a jugé à son tour la députée LFI Clémentine Autain.
Le numéro un du PCF, Fabien Roussel, a relayé des « révélations accablantes sur le rôle actif joué par Emmanuel Macron, alors ministre, pour faciliter le développement d’Uber en France », « contre toutes nos règles, tous nos acquis sociaux et contre les droits des travailleurs ». « Uber mériterait bien une petite commission d’enquête » parlementaire, selon le député communiste Pierre Dharréville. Pour Ian Brossat, porte-parole du PCF, il s’agit « ni plus ni moins d’un pacte qui unit entreprises, ministres et « chercheurs » (en réalité payés par les entreprises) pour broyer notre modèle social, mettre à terre les acquis des travailleurs et américaniser la France ».
Au micro de France Info, Aurélien Taché, député EELV, a qualifié ces révélations de « scandale d’État » : « Nous sommes devant un scandale d’État. La question de la loyauté même du président de la République envers la nation française est posée. Il doit réagir à la hauteur des questionnements qui ont été révélés. »
« C’était de notoriété publique, les Uber Files le démontrent une fois de plus. Malgré le « en même temps » permanent, le parcours d’Emmanuel Macron a une cohérence, un fil rouge : servir des intérêts privés, souvent étrangers, avant les intérêts nationaux », a estimé de son côté Jordan Bardella, le président du Rassemblement national.
« Uber Files » : comment le ministre Macron a aidé Uber en secret
Adèle Ponticelli – Il y a 3 h
« Le Monde » a enquêté avec une quarantaine de médias internationaux sur les pratiques d’Uber. Dans ce podcast, Damien Leloup et Adrien Sénécat dévoilent le volet français de cette enquête : comment, en coulisse, Emmanuel Macron a appuyé le lobbying d’Uber, qui agissait alors en toute illégalité sur le sol français avec son service UberPop.
Ce sont 18 gigaoctets de documents internes d’Uber. Collectés entre 2013 et 2017, ces « Uber Files » dévoilent les pratiques douteuses de la compagnie américaine, notamment sur le sol français au moment où le conflit avec les taxis atteint son paroxysme. Des e-mails, des présentations internes, des briefings stratégiques ou encore des comptes rendus de réunions révèlent les coulisses de l’implantation d’Uber en France, et, surtout, le rôle-clé qu’a joué le ministre de l’économie d’alors : Emmanuel Macron.
Dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde », Damien Leloup et Adrien Sénécat, journalistes au Monde, qui ont tous deux enquêté avec le Consortium international des journalistes d’information (ICIJ) sur les pratiques d’Uber, racontent comment Emmanuel Macron a agi main dans la main avec l’entreprise, pour faciliter son implantation en France.
Un épisode produit par Adèle Ponticelli, réalisé par Florentin Baume et présenté par Morgane Tual.
Uber Files
Une enquête internationale sur le lobbying et les manoeuvres de la société Uber pour s’imposer en France et dans les grandes métropoles entre 2013 et 2017.Tous les articles de l’enquête